mardi 14 juin 2016

TrollHunters


Auteurs : Guillermo Del Toro
& Daniel Kraus
Bayard Jeunesse
382 pages - 15,90€

En 1965, des enfants disparaissent mystérieusement dans une petite ville de Californie. Jack Sturges, 13 ans, est enlevé à son tour, sous les yeux horrifiés de son frère Jim.

Quarante-cinq ans plus tard, le fils de Jim, Jim Junior, doit supporter la paranoïa de son père, qui a transformé la maison en forteresse pour protéger sa famille. Pourtant, une créature étrange réussit à se faufiler dans la chambre du garçon et le kidnappe…

Attention : des trolls sortent de l’ombre et s’attaquent aux humains, leur plat favori… 
  


Mon avis : 

TrollHunters est un roman à quatre mains, dont deux appartiennent à Guillermo Del Toro, réalisateur très connu au parcours inégal, bien que plutôt sympa. Je vous avouerais que c’est en pensant au film Le Labyrinthe de Pan que j’ai cliqué sur la petite case de participation à l’opération Masse Critique me l’ayant proposé, me disant que niveau gamin qui se perd dans un autre monde peuplé de créatures bizarres, monsieur savait y faire. J’avais beaucoup aimé ce film, son ambiance, sa noirceur, et j’avais hâte de voir ça adapté à la littérature jeunesse, m’attendant à un truc à la Chair de Poule version ado, plutôt qu’enfants.

Je suis hyper mitigée sur ce bouquin. Il y a de très bonnes choses, et d’autres vraiment moins bonnes. J’ai aimé l’intrigue principale, le background bien défini dès le prologue, et presque tout ce qui touchait aux trolls. On parle ici de vilains trolls de légendes, comme on pouvait s’y attendre de la part de Del Toro, avec un côté assez gore et macabre tout en restant adapté à la jeunesse. L’ambiance est parfaitement bien dépeinte, les trolls sont très bien décrits, leur histoire et leur univers tout aussi bien exposés. Les auteurs ne se moquent pas de leurs lecteurs, ils sont explicites, ils ne prennent pas de gants et le tout est très visuel. C’est ce que j’espérais, ce qui m’a plutôt plu.

Mais à côté de ça, on a le bouquin le plus cliché de l’année. On dirait une parodie de teen movie, avec absolument tous les ingrédients que l’on retrouve dans chacun d’eux. Jim, le personnage principal, est un raté, un gars pas du tout populaire qui a un peu honte de son père, lourd et complètement paranoïaque. Son meilleur ami Toby est un amoncellement de clichés : très enrobé, nul en sport, avec un appareil dentaire de l’enfer et une mamie folle aux chats. Ils sont harcelés à l’école par le grand méchant sportif/beau-gosse style quaterback. Et ce dernier et le héros en pincent tous les deux pour la même fille, qui n’est pas comme les autres, bien sûr. Heureusement, ça se décante dans la deuxième partie du roman, et la fin est bien plus sympa, avec des retournements de situations et des résolutions hyper bien amenées, qui montrent que tout a été pensé depuis le début dans le moindre petit détail.

Mais en fait, le principal problème du livre, c’est le style. Alors, je ne sais pas si ça vient de l’écriture originale ou de la traduction, mais l’utilisation du « on » à outrance m’a fait devenir folle. Je crois que pas une fois l’auteur/traducteur n’a utilisé le pronom « nous ». Et il aurait dû, parce qu’on a le droit à des phrases, que dis-je, des paragraphes rythmés par des « on » moches super indigestes. Le roman n’est déjà pas hyper bien écrit en général, même assez froid par moments, mais le « on » m’a achevée. C’est dommage. C’est une bonne histoire, une intrigue sympa bien que bourrée de clichés, mais complètement alourdie par un style plutôt mauvais. Et je ne suis pas non plus difficile, en littérature jeunesse, sur le style. Mais là c’était trop.

Mais il y a quand même de très bonnes choses. Le prologue est vraiment génial, décrivant à la perfection la scène qui fera du père de Jim ce qu’il est aujourd’hui. Sa paranoïa fait souffrir son fils, alors même qu’il ne veut que le protéger. Leur relation est touchante, parce qu’on voit bien que Jim en veut en son père, tout en étant extrêmement tolérant parce qu’il comprend son traumatisme. Quant à Toby, c’est un peu le rayon de soleil du livre, celui qui apporte la touche humoristique tout en restant un ami loyal et plus courageux qu’il n’y parait. Et il y a les trolls… J’ai été agréablement surprise, même si j’aurais voulu apprendre à les connaitre un peu plus, pour plus m’attacher à eux (OU PAS). Enfin, il y a carrément un côté visuel, qui donne un potentiel scénaristique au livre. Dreamworks n’est pas passé à côté, et on aura le droit à un film d’animation et/ou une série animée sur l’univers du roman, ce qui me réconciliera surement avec les quelques détails m’ayant dérangée.

Alooooooooors ? Eh bien, j’ai levé les yeux au ciel et soupiré plus d’une fois devant les clichés à foisons avant d’être agréablement surprise par la fin et les quelques détails originaux qui la rythment. J’ai aimé l’ambiance, l’intrigue, le background, les révélations et l’évolution des personnages, en opposition à un style lourd et à un début plein de stéréotypes du genre. J’ai tout de même passé un moment agréable, mais je suis frustrée parce qu’il aurait vraiment pu être mieux, tout simplement. Je pense, en revanche, que les enfants fans de Chair de Poule et autres Épouvanteur seront ravis de découvrir TrollHunters ! 



Ça donne envie, non ?

2 commentaires:

  1. Comment je fais pour être d'accord avec ta chronique tout en ayant passé un super moment?^^
    Après je me dis que vu ton style de lecture (genre fantasy bien poussée et tout... Ca n'a pas de sens ce que je dis mais tu comprends), c'est peut-être + compliqué pour toi de te plonger dans un tel roman?

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    1. Haha parce que j'ai toujours raison, mais que ça t'a pas empêché de passer un bon moment !
      Et en fait, je suis plutôt hyper bon public et pas difficile, mais là le style + les clichés c'était un peu too much !

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